Annexe III – autres citations.

 

1. Jalaloddin Rumi, Diwan-e Shams

Et pour nous, Il a prévu le travail de chômeur perpétuel.

Après tout, s’Il avait voulu que nous travaillions,

Il n’aurait pas créé ce vin.

Avec une outre pleine, monsieur,

Vous précipiteriez-vous pour faire de l’économie ?

 

Jalaloddin Rumi, Diwan-e Shams

 

2. Omar FitzGerald

 

Ici, avec une miche de pain sous la Branche

Une bouteille de vin, un livre de poésie – et Toi

À mes côtés, chantant dans la Nature –

Et la Nature qui est maintenant un Paradis.

Ah ! mon aimée, remplis ma coupe qui libère

L’aujourd'hui des douleurs passées et des craintes futures –

Demain ? Oui, demain je pourrais être

Moi-même avec les sept mille ans d'hier.

Ah ! mon Amour, puissions-nous conspirer toi et moi

[avec le Magicien

Pour capturer tout cet Ordre triste des choses

Sans pourtant le détruire – et alors

Le refaire selon le Désir du Cœur !

Omar FitzGerald

 

3. Renzo Novatore, Arcola Janvier 1920

 

« L’histoire, le matérialisme, le monisme, le positivisme, et tous les mots en « ismes » de ce monde sont des outils vieux et rouillés dont je n’ai plus besoin et auquel je ne prête plus attention. Mon principe c’est la vie, ma fin c’est la mort. Je veux vivre ma vie intensément pour embrasser ma vie tragiquement. Vous attendez la révolution ? La mienne a commencé il y a longtemps ! Quand vous serez prêts (Mon Dieu, quelle attente sans fin !) je ferai volontiers un bout de chemin avec vous. Mais quand vous vous arrêterez, je continuerai ma voie folle et triomphale vers la grande et sublime conquête du néant ! Toute société que vous bâtirez aura ses limites. Et en dehors des limites de toute société, les clochards héroïques et turbulents erreront, avec leurs pensées vierges et sauvages – eux qui ne peuvent vivre sans concevoir de toujours nouveaux et terribles éclatements de rébellion ! Je serai parmi eux ! Et après moi, comme avant moi, il y aura ceux qui disent à leurs frères : « Tournez-vous vers vous-mêmes plutôt que vers vos Dieux ou vos idoles. Découvrez ce qui se cache en vous-mêmes ; ramenez-le à la lumière ; montrez-vous ! » Parce que toute personne qui, cherchant dans sa propre intériorité, extrait ce qui y était caché mystérieusement, est une ombre qui éclipse toute forme de société pouvant exister sous le soleil ! Toutes les sociétés tremblent quand l’aristocratie méprisante des clochards, les inaccessibles, les uniques, les maîtres de l’idéal et les conquérants du néant, avance résolument. Avancez donc iconoclastes ! En avant ! ‘‘Déjà le ciel menaçant devient noir et silencieux’’ »

 

Renzo Novatore, Arcola Janvier 1920

 

4. La tirade du Pirate - Capitaine Bellamy

 

Daniel Defoe, sous le nom de plume de Capitaine Charles Johnson, écrivit ce qui devait devenir le premier texte de référence historique sur les pirates : « Histoire générale des pillages et des crimes de Pyrates les plus fameux ». Selon Patrick Pringle, dans Jolly Roger, le recrutement des pirates se faisait surtout parmi les sans-emploi, les esclaves et les criminels déportés. En haute mer, ils mirent le cap sur un nivellement immédiat des inégalités de classe. Defoe raconte qu’un pirate nommé Capitaine Bellamy tint ce discours au capitaine d’un navire marchand qu’il avait capturé. Le capitaine venait de décliner son invitation à se joindre aux pirates.

« Je regrette bien qu’ils ne vous rendent pas votre chaloupe, car je déteste faire du tort à quelqu’un quand ce n’est pas mon avantage. Maudite chaloupe, nous devons la couler, et vous devez en avoir besoin. Quoique vous soyez un sale fouineur, comme tous ceux qui acceptent d’être gouvernés par des lois faites par les riches pour assurer leur propre sécurité, car ces petits peureux n’ont pas le courage de défendre autrement ce qu’ils ont acquis par friponnerie ; mais soyez tous maudits : maudits soit cette bande de fieffés fripons, et vous, le paquet de têtes-molles au cœur de femmelette, qui les servez. Ils nous dénigrent, les escrocs nous dénigrent, alors qu’il n’y a qu’une différence, ils volent les pauvres sous couvert de la loi, alors que nous volons les riches sous la seule protection de notre courage. Ne voyez-vous pas que vous feriez mieux d’être l’un des nôtres, plutôt que de tourner autour de ces vilains pour du travail ?

Quand le capitaine répondit que sa conscience ne le laisserait pas briser les lois de Dieu et de l’homme, le pirate Bellamy reprit :… Vous êtes un coquin à la conscience diabolique, je suis un prince libre, et j’ai autant d’autorité pour faire la guerre dans le monde entier que celui qui a une flotte de cent vaisseaux à la mer et une armée de cent mille hommes sur le terrain. Voilà ce que me dit ma conscience. Mais à quoi bon discuter avec des pantins pleurnichards qui permettent à leurs supérieurs de les jeter par-dessus bord à coups de pieds au cul, selon leur bon plaisir. »

 

 

5. - Le Dîner S. Pearl Andrews

 

« La plus haute forme de la société humaine dans l’ordre social existant se trouve dans les salons. Dans les réunions élégantes et raffinées des classes aristocratiques il n’y a pas d’interférence impertinente de la législation. L’Individualité de chacun est pleinement admise. Les relations, alors, sont parfaitement libres. La conversation est continue, brillante et variée. Les groupes se forment par attraction. Ils se défont continuellement et se reforment par l’opération de la même influence subtile et omniprésente. La déférence mutuelle s’insinue dans toutes les classes, et la plus parfaite harmonie, jamais atteinte dans les relations humaines complexes, se réalise précisément dans des circonstances que les Législateurs et les Politiciens redoutent comme les conditions d’une anarchie et confusion inévitables. S’il y a des lois d’étiquette, ce ne sont que des suggestions de principe, acceptées et appréciées par chaque individu selon son propre esprit. Dans tout progrès futur de l’humanité, avec tous les innombrables éléments de développement que l’on voit actuellement, est-il concevable que la société en général, dans toutes ses relations, ne puisse atteindre un niveau de perfection aussi élevé, déjà atteint par certaines parties de la société, dans certaines situations particulières ? Imaginons que les relations de salon soient régulées par des législations spécifiques. Fixons par décret le temps de parole entre chaque homme et chaque femme ; régulons précisément la position dans laquelle chacun devra s’asseoir ou se tenir debout ; les sujets autorisés, le ton de parole et les gestes d’accompagnement avec lesquels chaque sujet serait traité, seraient définis soigneusement, tout cela sous le prétexte d’empêcher le désordre et de protéger les droits et privilèges de chacun ; pourrait-on concevoir quelque chose de mieux calculé et de plus certain pour transformer les relations sociales en un esclavage intolérable et une confusion sans espoir ? »

 

S. Pearl Andrews, La Science de la Société

 

 

 

FIN